L’enquête aura duré douze ans pour finalement déboucher sur la relaxe du marchand d’art Éric Touchaleaume, un des meilleurs connaisseurs de Jean Prouvé. Cet architecte du XXe siècle, dont le mobilier, fabriqué en série, est aujourd’hui très prisé des collectionneurs, a vu sa côte littéralement exploser en une vingtaine d’années, au point que ses créations dépassent aujourd’hui régulièrement le million d’euros. En 2015, une table de cantine, pièce d’un réfectoire universitaire d’Antony, dans les Hauts-de-Seine, s’est ainsi envolée aux enchères pour 1,29 million d’euros.
C’est dans ce contexte qu’Éric Touchaleaume, surnommé par la presse l’« Indiana Jones du design », est soupçonné, en 2008, d’avoir vendu de faux Prouvé, en l’occurrence des fauteuils et une table de salle à manger. Une enquête préliminaire pour faux et contrefaçon est ouverte, avant qu’un juge d’instruction ne soit désigné.
Éric Touchaleaume, représenté par son avocat Me Antoine Vey, a démontré que Jean Prouvé avait continué sa carrière après 1953 et son départ de l’usine de Maxéville, aux abords de Nancy. L’argument de l’acier lorrain n’en est donc pas un. « À l’issue de l’enquête et des débats, il n’est pas possible d’établir que les meubles litigieux ont été attribués à tort ou à raison à Jean Prouvé, et que, par conséquent, les droits d’auteur protégeant ces meubles auraient été violés », conclut le tribunal.