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Les réfugiés sont-ils encore intégrables en France en 2025 ?

 

C’est par cette question provocante posée par Ayyam Sureau , présidente de l’Association Pierre Claver , qu’a débuté la récente conférence de cabinet sur un thème important pour la défense des libertés publiques, défense chère à Vey & Associés. L’association Pierre Claver propose aux réfugiés statutaires une école, lieu de rencontre et d’étude afin de préparer une intégration réussie en France.

 

Lancée en 2008, cette association a accompagné plus de 6000 réfugiés. Une expérience qui permet d’avoir du recul et de pouvoir tirer quelques enseignements des mythes et réalités du statut de réfugié.

 

Cette ambition portée par l’association depuis 2008 est-elle toujours d’actualité en 2025 ? Très difficilement reconnait Ayyam Sureau !

 

D’abord parce que les récents évènements au Moyen-Orient ont créé des failles entre réfugié et tissu national. Ensuite parce que certaines évolutions technologiques, certaines comportements nouveaux voire même certaines décisions de l’Etat français sont des freins.

 

Le téléphone portable oblige à repenser l’intégration. Par sa démocratisation, il empêche le réfugié de couper avec son milieu social ou civilisationnel d’origine. Au final, par ce lien facile d’emploi, il ne quitte, ni en pensée ni linguistiquement, son pays d’origine. Il vit en France mais ne bénéficie plus des mêmes ressorts d’intégration de ceux qui l’ont précédé, à commencer par l’adoption de la langue.

 

Initialement basé majoritairement sur l’accueil d’hommes seuls, les démarches se trouvent modifiées par l’arrivée en plus grand nombre de femmes. Pour elles, l’intégration est rendue complexe par la transposition, en France, de comportements ou préceptes maintenus par les groupes désormais mixtes et étrangers aux règles françaises. Là encore, la réfugiée, si elle a quitté physiquement son pays, n’en quitte pas les fonctionnements et rencontre plus de difficulté à véritablement s’intégrer.

 

Enfin, certaines décisions de l’Etat français sont contraires à une intégration réussie. En privilégiant à marche forcée, l’intégration par le travail, l’Etat utilise un moyen qui n’a malheureusement plus cours. Aujourd’hui, le travail sous qualifié, hier lieu de brassage entre étrangers et nationaux, est devenu un creuset entre étrangers eux-mêmes depuis que ces métiers ont été désertés par les français. Comment intégrer quand le terreau d’intégration n’existe plus ? Il est important que l’Etat repense sa politique dans ce domaine.

 

Après de tels constats, la discussion et les questions ont abordé des sujets brulants d’actualité, aux analyses malheureusement connotées ou préemptées. Ayyam Sureau, par ses réponses nourries de son expérience, a essayé d’expliquer, de redonner objectif et sens et au final porter un regard juste et dépassionné sur une problématique importante pour les libertés publiques et la nation française. Pour elle, il y a urgence à faire revivre la conversation et la discussion objectives autour de ces sujets qu’une pression militante essaye d’interdire ou de biaiser.

 

C’est parce qu’elle croit encore que la France doit être une terre d’asile, qu’Ayyam Sureau poursuit sa mission avec l’association Pierre Claver. Basée sur l’application stricte du droit et sur une hospitalité très exigeante comme gage de réussite, l’action de l’association bénéficie à des adultes venant de pays bouleversés par la guerre, la dictature, l’effondrement social ou économique et pour lesquels les drames subis sur le trajet d’exil rendent difficile l’intégration immédiate. C’est la raison pour laquelle, ils ont besoin de soutien pour dépasser la perte de leur statut social, de leur identité ou du lien familial et social avant de se reconstruire et de trouver leur place dans la société française. Une démarche qui est un formidable laboratoire pour un modèle d’intégration.

 

Merci à Pierre Servan-Schreiber d’avoir rendu cette formidable discussion possible.